Expulsées
le 24 juillet, les quatorze familles rroms du « village
d’insertion » de Saint-Ouen, où elles habitaient depuis sept ans,
résistent courageusement au harcèlement de la police et aux tentatives
d’intimidation orchestrés par les pouvoirs publics. Après plus de cinq semaines
à la rue, déterminées à se faire entendre, elles campent tous les soirs devant
la mairie, exigeant une solution d’hébergement durable.
Une (sur)vie
de résistance aux expulsions
Il faut dire que depuis l’abandon, en juillet 2013,
du projet d’ « insertion » qui leur avait été proposé après la
violente destruction de leur bidonville en 2008, elles ont accumulé une
certaine expérience de résistance. Depuis deux ans, soutenues par plusieurs
associations de quartier, elles ont continué à occuper leur parcelle rachetée par
la société d’aménagement Séquano, et ont tant bien que mal poursuivi leur lutte
quotidienne pour travailler et scolariser leurs enfants malgré des conditions
de vie des plus précaires. Et si ces années ont été marquées par un changement
de mairie, passée du Front de gauche de Jacqueline Rouillon à la droite de
William Delannoy en mars 2014, les familles rroms de Saint-Ouen sont toujours
confrontées aux mêmes méthodes répressives : après les coupures d’eau et
d’électricité en plein été, les déploiements policiers et les expulsions dans
l’heure. Pendant que les habitants rroms du bidonville des Docks étaient mis à
la rue en plein hiver, en novembre 2013, ceux du village d'insertion servaient
de couverture à la mairie de l’époque, pour dire « vous voyez, on a
essayé », avec le sempiternel refrain visant à se dégager de toute
responsabilité : « les budgets nous sont refusés, la mairie ne peut
pas soutenir seule ce projet ». Pendant ce temps, sur d’autres fronts,
l’équipe municipale Front de Gauche en perte de vitesse cherchait à rassurer
les nouveaux habitants fraîchement arrivés de Paris ou d’ailleurs, sur les
fameuses questions « sécuritaires » qui riment peu avec « le
problème rrom ». Une chose est sûre, les familles rroms ne sont pas les
bienvenues sur ce territoire en prise à la gentrification. Et malgré tout,
elles n’ont pas l’intention de disparaître du paysage urbain, ni politique
d’ailleurs.
A
Saint-Ouen, la solidarité s’organise
A longueur de journée, les familles subissent le
harcèlement policier. Parce qu’elles comptent bien rester visibles, elles campent
tous les jours devant la mairie ou au pied de l’Eglise du Rosaire au carrefour
de Garibaldi, soutenues par un réseau de solidarité. Mais tous les jours, c’est
la même rengaine : dès sept heures du matin, les forces de répression en
uniforme viennent les déloger. En journée, alors que leur noyau est plus
restreint, les uns travaillant, les enfants allant à l’école, elles subissent
les menaces et les intimidations, et même d’agents en civil qui viennent leur
interdire de rester sur la voie publique. Le soir encore, jusqu’à minuit, la
police rôde pour éviter toute installation. Ces familles que l’on a mises à la
rue, vont jusqu’à se voir refuser la rue ! Comme les réfugiés que l’on
traque dans tout Paris ou aux
frontières de l’Europe, comme les
rroms expulsés du bidonville Le Samaritain à la Courneuve et tous ceux que
l’on expulse ou assassine ici et là, elles sont condamnées à une
course-poursuite permanente, et ce alors même qu’elles fuient des situations
encore plus misérables dans leurs pays d’origine, générées par les politiques
impérialistes.
A Saint-Ouen, ces familles à qui l’on a promis
« l’intégration » ne comptent pas en rester là. Samedi dernier, à
l’initiative de l’association Droit au Logement et du réseau « Solidarité
Rom Saint-Ouen », un rassemblement a réuni environ soixante-dix personnes
devant l’hôtel de Ville. Une pétition
circule sur les réseaux sociaux et dans les milieux militants, exigeant du
maire un relogement immédiat. Des initiatives sont en train de se mettre en place
pour étendre la solidarité, notamment auprès des parents d’élèves et des
enseignants dans les écoles et collèges de la ville où sont scolarisés les
enfants. A Saint-Ouen et ailleurs, ce type de mobilisation est plus que jamais
nécessaire, pour contrer la montée des nationalismes et de la xénophobie en France
et en Europe.
Le
NPA Saint-Ouen exprime toute sa solidarité avec les familles expulsées du
village d’insertion et exige de la mairie une solution d’hébergement durable
pour tous les mal-logés, ainsi que la fin de toutes les procédures
d’expulsion en cours sur la ville.
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