Samedi 20 septembre 2014, l'usine PSA Saint-Ouen a ouvert ses portes
dans le cadre des journées du patrimoine et des 90 ans de la boîte. Le
site, qui date de 1847, a été acquis par André Citroën en 1924 pour en faire
une usine d'emboutissage, qui compte aujourd'hui 600 ouvriers produisant
environ 600 000 pièces par jour.
Aux portes de l’usine, des militants de la CGT diffusent un tract sur
lequel on peut lire «La CGT, premier syndicat du site, vous souhaite la
bienvenue pour cette visite du « patrimoine industriel ». L’an
dernier, c’était la fermeture de la plus grosse usine PSA de la région
parisienne, l’usine d’Aulnay. C’est un patrimoine industriel que vous ne
visiterez pas car les machines qui s’y activent sont maintenant… les engins de
démolition. Le Groupe PSA continue de supprimer des emplois et s’apprête
maintenant à réduire les productions dans d’autres usines du Groupe en France
(Poissy, Mulhouse). L’usine de Saint-Ouen est maintenant la dernière
usine PSA en proche banlieue de Paris… » Pour finir par « Profitez
de votre visite en sachant que, derrière le décorum, les belles voitures, il y
a des hommes, des femmes, qui souhaitent, comme vous, vivre mieux et faire
vivre correctement leur famille ». Voilà le décor bien planté.
Et en effet,
la mise en scène est frappante lorsque l’on passe les portes, puisqu’une série de
voitures de luxe est exposée dans le hall principal, véhicules qui font
certainement la fierté des patrons de l’usine, mais qui ne semblent pas
vraiment à leur place dans cette usine qui produit des pièces d’emboutissage et
de ferrage, donc des petites pièces de structure automobile en acier.
Mais il faut bien émerveiller les curieux, et certains se laissent prendre
au jeu !
Un peu plus
loin, en continuant la visite, on peut voir les machines automatiques, les
presses, les robots en action, à cadence ralentie,
et même les ouvriers de l’équipe VSD (vendredi, samedi, dimanche) qui
expliquent leur savoir-faire aux visiteurs : "D'habitude, le sol
tremble, et les machines font un bruit terrible. Aujourd'hui, elles tournent au
ralenti, ça permet aussi d'éviter les problèmes, pour nous rendre disponibles
pour le public". Ce que l’on comprend en déambulant dans l’usine, c’est
que les visiteurs présents ne sont pas de simples curieux audoniens, qui viendraient
prendre leur bain d’exotisme en se baladant le samedi après-midi à l’usine,
mais que ce sont des ouvriers et anciens ouvriers de PSA ou du secteur
automobile, qui viennent partager ce moment en famille. En effet, ils sont
nombreux à être accompagnés de leur femme, de leurs enfants, voire même petits
enfants… Et ils ne sont pas là pour admirer, mais transmettre, expliquer,
donner du sens et mettre en avant leur métier. On sent une certaine fierté. Les
gens discutent facilement, et l’ambiance est chaleureuse, rare pour des
journées du patrimoine !
Quand on demande aux ouvriers postés devant leurs
ateliers s'ils s'inquiètent de la fermeture du site, avec
les plans de départs, la diminution des effectifs… c’est sans
langue de bois qu’ils nous répondent, et expriment leurs craintes quant à
l’avenir de leur boîte. « Il n’y a plus de jeunes ici, que des vieux comme
moi. Et on sait que quand on ne forme plus de jeunes, c’est mauvais
signe ». Certains d'entre eux ont vécu la fermeture du site
d'Aulnay et ne se font pas d'illusion : « On sent que ça va fermer, on sait
pas quand, mais on le sait ». Cette
inquiétude qui plane sur le site baigne le visiteur averti dans un sentiment
d'amertume, plus encore en passant devant les photos des ouvriers souriants à
leur poste de travail, exposées en grand format par PSA pour l'occasion.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire