Le premier tour des élections municipales du 23 mars a été marqué par
une lourde sanction à l’encontre du PS de Hollande-Ayrault, par une progression
de l’abstention, par une avancée relative de l’extrême droite et sans pour
autant que le monde du travail, les classes populaires et la jeunesse ne soient
en mesure de faire clairement entendre leur voix. En règle générale, les listes
d’extrême gauche, du NPA et de LO, défendant, en toute indépendance de
la « gauche » gouvernementale, le camp des travailleurs ont
réalisé des scores très modestes.
Saint-Ouen a reflété, à sa façon, ces tendances. La liste Saint-Ouen
Anticapitaliste, impulsée par le NPA, a recueilli 2,5% des suffrages, arrivant
en quatrième position. Nous remercions l’ensemble des Audonien-ne-s qui ont
voté pour nous, sans oublier celles et ceux qui ont soutenu notre campagne et
l’ont relayée quoi que ne pouvant voter car dans ce système pourri et raciste de démocratie pour les riches,
il faut avoir les « bons papiers » pour pouvoir se rendre aux urnes,
même lorsque l’on vit et que l’on bosse ici. Notre score est d’autant plus
correct que nous avons dû affronter une série de difficultés pour faire exister
notre liste : l’obligation de rassembler 43 candidats, mais aussi à cause
du non-respect du devoir d’égalité entre les listes par la mairie sortante qui
nous a empêché de disposer de salles municipales pour la tenue de nos réunions
et, plus grave encore, de la disparition mystérieuse d’à peu près la moitié de
nos circulaires (« professions de foi ») qui ne sont donc pas
arrivées à une partie considérable des électeurs.
Lutte Ouvrière, de son côté, a recueilli 1,6% des voix. Nous exprimons à
nouveau notre regret que les camarades de LO aient refusé de présenter une
liste commune en défense des intérêts des travailleur-euse-s, de tou-te-s les
opprimé-e-s et de la jeunesse. Cela aurait été parfaitement possible au-delà de
nos différences, à commencer par le fait que les camarades LO ont participé
pendant six années à la majorité municipale sortante « de gauche ».
Mais le premier tour à Saint-Ouen a surtout été marqué par l’arrivée en
tête de William Delannoy avec 34,87%, mettant en ballotage la maire sortante,
Jacqueline Rouillon. En votant pour un ami des patrons, c’est-à-dire contre
leur camp, beaucoup de travailleurs et de jeunes ont sans doute pensé
sanctionner à la fois la politique gouvernementale, représentée localement par
la liste conduite par Karim Bouamrane qui a obtenu 26,99% des voix, en même
temps que celle de J. Rouillon (Front de Gauche), arrivée en seconde position
avec 31,56%.
Face aux affaires qui secouent les Sarkozy et autres Copé, W. Delannoy
n’a pas spécialement tenu à voir les logos UMP figurer sur ses professions de
foi. C’est pourtant la droite, dans sa « diversité », que Delannoy
représente. Il suffit de bien lire son programme pour s’en rendre compte :
couvre-feu pour les mineurs, vidéo-surveillance jusqu’aux halls des immeubles,
création d’un lycée privé sur la ville, mise en place du service minimum dans
les écoles pour casser les mouvements sociaux…
Côté « gauche », dès le début de la campagne, nous avons
dénoncé que la bataille que se menaient les listes de Rouillon et Bouamrane
n’avait pour autre objet que de départager celle qui arriverait devant l’autre
au premier tour pour piloter une liste fusionnée « de gauche » :
les socialistes et les verts savent qu’ils ne peuvent gouverner sans leurs
alliés Front de Gauche, le Front de Gauche ne reculant pas devant l’idée de
reconstituer une majorité municipale avec les représentants locaux de ceux qui
au gouvernement veulent détruire le Code du Travail, couvrent la casse de
l’Assurance chômage et viennent d’annoncer 35 milliards de cadeaux au patronat
et 50 milliards d’économies supplémentaires sur les services publics. C’est
d’ailleurs ce que J. Rouillon a affirmé à l’issue du premier tour, en appelant
les socialistes et les écologistes à faire l’union derrière elle. Nous
n’aurions en aucun cas appelé à voter pour une telle liste fusionnée. Mais en
dépit de tous les efforts déployés par la maire sortante pour amener à elle les
socialistes et malgré les pressions exercées par Bruno Leroux pour exiger du PS
audonien qu’il se fonde dans la liste Rouillon, ni le PS, ni EELV, ni le PRG ne
figureront sur la liste de J. Rouillon.
Une vraie politique de gauche au service des travailleurs et de la
population impliquerait, à Saint-Ouen, la dissolution de la police municipale,
le retrait de la BAC des quartiers, la fin de la ZSP et de la vidéosurveillance,
la non application de la « réforme » des rythmes scolaires de
Peillon, une vraie politique de gauche en direction de la Palestine, pour que
Georges Abdallah soit citoyen d’honneur de la ville, le refus des privatisations
rampantes de l’intercommunalité, l’embauche massive des précaires sur les
services municipaux, la fin des cadeaux fiscaux au patronat, le rétablissement
de la gestion publique de l’eau, l’ouverture massive de places en crèche pour les enfants des travailleur-euse-s, l’arrêt des
expulsions et la défense d’une politique de logement de qualité pour la
population, en toute transparence, en rupture avec les méthodes actuelles
pratiquées par la mairie. Au vu de son passif, il ne nous semble pas que J.
Rouillon soit disposée à prendre de telles mesures qui reviendraient à renier
sa politique précédente, pas vraiment « à gauche » et marquée plutôt
par le tout-sécuritaire, par l’expulsion des rroms en plein hiver et par le
mépris le plus total à l’égard des diverses luttes autour de la question du
logement (foyer ADEF, rue Jules Vallès, foyer CARA). Si aujourd’hui bien des
gens ancrés à gauche penchent plutôt pour l’abstention et pour l’absence de
consigne de vote, y compris quelques-uns de nos colistiers, et s’il existe encore
aujourd’hui un risque à ce que la ville bascule à droite, c’est bien à cause de
cette politique menée par la gestion actuelle.
Néanmoins au NPA nous sommes convaincus que ce n’est pas à la
« vraie droite » de faire dégager cette « fausse gauche ».
C’est en ce sens, et seulement parce que le PS ne figurera pas sur la liste
PCF-Front de Gauche contrairement à ce qu’aurait souhaité Mme Rouillon, que
nous appelons les travailleur-euse-s et les jeunes à voter de façon très critique pour
la liste soutenue par les organisations issues du mouvement ouvrier et
populaire et ne faisant pas partie du gouvernement national. Nous n’oublions
pas pourtant que ce sera dans la rue, par nos mobilisations que nous réussirons
à renverser le rapport de force, à stopper l’avancée du FN dans le pays, à
contrecarrer les politiques austéritaires du gouvernement et les attaques du
patronat, y compris celles qui sont relayées localement.
Par-delà les élections, nous serons dans la rue le 12 avril contre l’extrême
droite, la droite, la politique du gouvernement et son « pacte de
responsabilité », avec l’ensemble des forces politiques et syndicales du
mouvement ouvrier et populaire, pour dire qu’il faut faire payer la crise à ses
seuls responsables, le patronat, et pour que la jeunesse et les travailleurs
reprennent confiance en leurs propres force dans la perspective de
l’organisation de l’affrontement avec le patronat et le gouvernement. Sur
le plan local nous continuerons également à être présents sur le terrain des
luttes des travailleurs et de la jeunesse, dans les entreprises, les services
municipaux, l’Education Nationale, etc., à s’organiser pour lutter, car c’est
la seule voie pour imposer un véritable changement !
Saint-Ouen, le 27/03/14
Nota : Dans son communiqué du 25 mars où Mme Rouillon se vante
d’une soi-disant « légitimité pour mener, face à la droite de William Delannoy,
toute la gauche au second tour », il est affirmé que « des militants
socialistes, écologistes, altermondialistes, du NPA sont avec nous depuis la
création de notre association ». Nous ne savons pas à quoi se réfère Mme
la Maire, mais nous souhaitons préciser qu’aucun militant du comité NPA de
Saint-Ouen ne participe à aucune association pour un quelconque rassemblement
de la gauche (y compris celle qui est au gouvernement). Il semblerait que la
pratique d’afficher des faux soutiens pour laquelle Mme Rouillon a été condamné
le 21 mars par le TGI de Bobigny devient une habitude…
Bonjour,
RépondreSupprimerje viens de prendre connaissance de votre communiqué, et je souhaite juste apporter une information à la connaissance de vos lecteurs sur ce blog.
Concernant la phrase que vous citez en nota...des militants socialistes, écologistes, altermondialistes, du NPA sont avec nous depuis la création de notre association, que vous attribuez à Jacqueline Rouillon, cette phrase est dans un texte du blog d'actifs et solidaires que je co préside...et je vous accorde que les camarades du NPA dont je parle ne font pas partie du comité NPA de Saint-Ouen mais sont bel et bien des camarades du NPA...je suis disposé à vous les présenter dès que vous le souhaitez. Par ailleurs sur la partie citoyenne de la liste, deux camarades très impliquées à la LCR pour l'une et au NPA pour l'autre sont candidates, même si aujourd'hui elles ont quitté l'une et l'autre votre organisation.
Fraternellement.
Denis Vemclefs.
Co Président d'actifs et solidaires
Comment peut-on demander la dissolution des BAC, de la ZSP, de la PM... et en même temps vouloir une politique de logement de qualité, surtout dans les quartiers où sont implantés les logements sociaux (+ de 40% à Saint-Ouen). Ce sont ces quartiers là qui souffrent le plus de la délinquance actuellement par la présence massive des vendeurs et des acheteurs de produits stupéfiants. Ils faudrait peut-être demandé à ces habitants de ce qu'il pense de votre proposition de supprimer ces outils, certes parfois perfectibles, que sont les services de sécurités. Vous ne pouvez pas être crédibles avec de tels discours. Si je devais vous noter comme à l'école de Peillon, je vous donnerais la note de 2.5.
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