vendredi 27 janvier 2012

Réduction de personnel à PSA: Pas un poste en moins !

Tract du 25/1/2012


A la veille des vacances de Noël, les patrons de PSA ont offert aux travailleurs la première partie du cadeau empoisonné qu’ils préparaient depuis un moment. Un document trouvé et rendu public par la CGT Aulnay a en effet révélé un plan majeur de réduction de personnels, qui comprend la fermeture de trois sites en Europe, dont celui d’Aulnay. C’est ce qu’a confirmé par la suite l’annonce par la direction de la suppression de plus de 6000 postes. La première grande victime de la concrétisation de cette attaque, ce sont bien évidemment les intérimaires.

Au niveau des sites, celui de Mulhouse est le plus touché avec plus de 700 postes supprimés dès 2012 dont 600 intérimaires (soit la moitié des effectifs totaux), notamment avec l’arrêt d’une équipe entière du montage de la 206 et de la 308 dès le 3 mars, ce qui impliquera en plus le reclassement de 557 embauchés. C'est dans ce contexte qu'une action est organisée aujourd'hui devant une des principales boites d’intérim de Mulhouse contre les licenciements de 600 collègues intérimaires. D’autres sites comme Aulnay sont également touchés par la suppression de nombreux postes. A Saint-Ouen on nous annonce la suppression de 21 postes (12 ouvriers et 9 ETAM) en plus d'une trentaine de départs « volontaires » dans le cadre de la GPEC.

Tout ceci fait partie d’un plan de restructuration de la production chez PSA visant à mieux préparer les attaques encore plus importantes qui s’annoncent. En déplaçant la production de la 308 de Mulhouse à Sochaux et en transférant celle de la 208 à Mulhouse, le site de Poissy pourrait être en capacité de produire la totalité des C3, ce qui permettrait de commencer à vider des sites que l’on veut bientôt fermer comme celui d’Aulnay. Les conséquences immédiates sont les suppressions de postes d’un côté et la surcharge de travail pour ceux qui restent, en particulier sur des sites qui seront nettement saturés. 

Quand la précarité cache les licenciements

La précarité, amenée à des niveaux très élevés sur les sites de PSA, a dégradé fortement les conditions de travail. C’est la pire ennemie pour la défense de nos emplois, car elle normalise le fait que tous les ans des milliers d’ouvriers se fassent virer et soient mis au chômage sans que cela soit considéré comme un licenciement. Pour les patrons, les précaires et les intérimaires sont une simple variable d’ajustement à bas prix. On les fait chômer sans rémunération lors des périodes de chômage partiel, puis on ne les remplace pas lorsqu’il s’agit de supprimer des postes. A Mulhouse par exemple, sur les 600 postes d’intérimaires supprimés, il s’agit pour la moitié de collègues qui ne sont déjà plus à l’usine. Pour les autres, leur contrat arrive à échéance (comme par hasard) en mars...

Cependant, tout poste supprimé c’est un chômeur de plus, surtout en ces temps de crise capitaliste où l’offre d’emploi ne fait que diminuer et où le chômage de masse se banalise. En effet, les statistiques montrent qu’il y a une importante accélération de la casse industrielle depuis le début de la crise avec près de 900 sites fermés soit environ 100.000 emplois détruits, dont au moins 30.000 pour le seul secteur automobile. 

Défendre chaque poste de travail

Dans ce contexte de crise capitaliste mondiale avec des pays comme la Grèce et l’État Espagnol où le chômage et la misère de masse sont déjà une réalité, nous devons lutter pour le maintien de chaque poste de travail. La suppression des postes d’intérimaires n’est qu’un début et les embauchés seront eux-aussi touchés car c'est l'ensemble de la production qui va baisser.
Pendant les premières années de la crise, l’illusion de pouvoir s’en sortir en négociant une bonne indemnité de départ donnait encore le ton dans la plupart des luttes contre les licenciements et les fermetures d’usine. L’expérience de ces combats a démontré que sans toucher de salaires, les indemnités partent vite et qu’il est ensuite quasiment impossible de retrouver du travail. C’est ce dont témoigne la tragédie du camarade des Contis qui s’est suicidé en se jetant sous un train il y a encore quelques jours...

Des premiers pas pour organiser la résistance

A PSA les premières actions contre ces attaques se mettent en place. Après la manifestation à Valenciennes et les deux rassemblements devant le siège de PSA et à Aulnay, le débrayage de plus de 350 ouvriers contre la suppression de plus de 200 postes et le rassemblement prévu à Mulhouse pour aujourd’hui doivent être un pas vers une plus grande coordination et la mise en place d ’un véritable plan de lutte qui permette de taper tous ensemble. Nous devons faire naître la solidarité nécessaire pour gagner, en faisant passer l’idée que PSA constitue un bastion et un rempart important pour le mouvement ouvrier en France. Si le patronat gagne cette bataille, les conditions pour résister aux attaques qui viendront derrière seront fortement dégradées.

Pour cela il faudra qu'on s'y mette tous, embauchés et intérimaires, qu'on se coordonne entre tous les sites dans le cadre d’une campagne massive et large avec la perspective d’une grève pour faire échouer le plan de suppressions et pour imposer l’embauche de tous les précaires et la création de postes en nombre suffisant pour ne pas perdre notre vie à la gagner.

Aujourd'hui c'est dans le site de Mulhouse que la saignée des emplois est la plus forte et les copains tentent d'organiser la résistance. Mais ces licenciements font parti d’un vaste plan de restructuration de la production  et de licenciements, prévu par la direction, et qui nous touchera tous, qu’on soit intérimaire ou embauché, et quelque soit le site sur lequel on travaille. C'est l'heure de construire la solidarité car on ne pourra pas empêcher les attaques majeurs qui s'annoncent et dont nous ne connaissons que le début si c'est n'est pas par une riposte puissante et commune.

SeaFrance : encore des centaines de licenciements alors que le maintien de l’activité était possible !

La décision finale est tombée comme un couperet pour les salarié-e-s de SeaFrance. Le 9 janvier le tribunal de commerce de Paris a décrété la liquidation définitive avec cessation d’activités de la compagnie transmanche qui assurait la liaison entre Calais et Douvres. Ce sont plus de 800 emplois directs qui partent ainsi en fumée, et toute la ville de Calais qui est sinistrée alors que SeaFrance n'a jamais manqué d’activité. Avec plus de deux millions de passagers par an sur le segment Calais-Douvres, SeaFrance ne chômait pas. En 2008, la compagnie réalisait un chiffre d’affaire de 220 millions d’euros, transportait 3,8 millions de passagers, plus de 700.000 voitures, autant de camions et 24.000 autocars. 

Mais comme l’ont souligné avec colère les marins de SeaFrance présents à Paris le 9 janvier à la suite du rendu de décision de « justice », la SNCF, actionnaire à 100% du groupe a cassé l’entreprise avec la complicité de l’Etat pour la rendre déficitaire et se séparer de sa filiale maritime. Quand on veut tuer son chien, comme dit l’adage, il suffit de l’accuser d’avoir la rage.  

La preuve que SeaFrance était rentable est que la liquidation de l'entreprise a vite suscité les convoitises de repreneurs anglais et danois. Et puis il y avait aussi les trois bateaux, quasiment neufs, que certains voudraient racheter pour une bouchée de pain.

Les salariés s’opposaient quant à eux à toutes les offres de reprise dans la mesure où elles laissaient sur le carreau nombre d’entre eux. Ils défendaient l’idée d’une SCOP afin de maintenir l’ensemble de l’activité et des emplois. Cela impliquait la cession des bateaux pour un euro symbolique et sans doute un peu plus de 50 millions d’aides publiques à décrocher. Mais face à eux, les ministres du gouvernement ont répondu pendant des semaines, invariablement, qu’il n’y avait rien à faire. Jusqu'à ce que Sarkozy fasse volte-face en expliquant qu’il fallait que les salariés investissent leurs primes extra-légales de licenciement dans le projet de SCOP dont ils seraient la seule parti prenante, ce que les salariés ont légitimement refusé car cela impliquait un risque énorme.

Au delà des limites qui peut avoir une solution de type SCOP, ce qui est certain c’est que dans le cadre actuel de la crise et de ses répercussions tragiques sur l’emploi de centaines de milliers de travailleurs, il était intolérable pour les patrons et leurs représentants gouvernementaux que le projet de maintien de l’emploi voit le jour. Ils avaient trop peur que nous soyons des milliers à suivre l’exemple des copains de SeaFrance ! Un exemple qui aurait démontré que les licenciements ne sont pas une fatalité économique mais avant tout une question politique dans le cadre de la guerre que se livrent les patrons. 

 Le « sommet social » du 18 janvier n’a rien de social et impliquera plus d’austérité pour les travailleurs

Le Président Sarkozy et le gouvernement prétendent organiser un « sommet social » le 18 janvier en invitant à l’Elysée, les « partenaires sociaux » : le patronat et cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC). En réalité, les décisions sont déjà prises : ce n’est qu’une grande mise en scène pour imposer de nouvelles mesures contre les travailleurs, contre celles et ceux qui produisent la richesse accumulée par une petite minorité depuis des années.

Comment oser accoler le mot « social » à la TVA, qui est l’impôt le plus injuste : Mme Bettancourt paie la TVA au même taux qu’un allocataire RSA! Pourtant, voilà la mesure-phare du gouvernement : créer un impôt qui pèsera bien plus lourdement sur les pauvres que sur les riches. Remplacer tout ou partie des cotisations patronales par une taxation sur les salaires en augmentant la TVA va renforcer les injustices et faire payer davantage aux ménages ce qui devrait être par les entreprises !

L’emploi, un réel souci du gouvernement ? Le bilan est éloquent : 4 510 000 chômeurs en décembre 2011, soit une augmentation de 5,2% par rapport à l’an dernier. Chiffre auquel il faut ajouter environ 500 000 personnes non-inscrites, radiées, en RSA forcé, sans oublier les plus de 3,5 millions de précaires et les 3 millions de temps partiels.

Le chômage partiel serait la solution magique ? Il y a seulement deux ans, le gouvernement avait déjà mis au chômage partiel plus de 600 000 salarié-e-s, en dépensant ainsi 300 millions d’€ argent public, … 300 millions d’euros économisés par le patronat ! Opération répétée avec l’exonération de cotisations sociales pour les heures supplémentaires. Si chômage partiel il y a, c’est au patronat de le payer à travers un fonds commun qui peut être alimenté sans problème avec seulement une petite partie de leurs bénéfices !

Le gouvernement et le patronat vantent les heures supplémentaires tout en prônant le chômage partiel. Leur but est évidemment  de renforcer la flexibilité du marché de travail et de s'attaquer aux 35 heures en l’organisant à travers le chômage partiel !

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