Tract du 18-11-2009
Les départs dits volontaires sont des licenciements déguisés!
Cette année de nombreuses luttes se sont déroulées dans le mouvement ouvrier, notamment chez les équipementiers automobiles. Malgré les tentatives de coordination de ces luttes, elles se sont plutôt retrouvées isolées, en grande partie à cause des dirigeants syndicaux nationaux qui n'ont rien fait pour qu'une lutte commune des travailleurs ait lieu. Or, la crise capitaliste et la vague de licenciements demandent une réponse unifiée des travailleurs. Pour cela, la revendication des primes de départ ne suffit pas.
Il faut mettre en avant des revendications capables d'unifier les travailleurs de tout le pays, de tous les secteurs, des intérimaires et des travailleurs au chômage.
Le non renouvellement du contrat des intérimaires est une forme cachée de licenciement, dont les patrons se sont servis pendant des années et encore aujourd’hui pour « ajuster » le coût de la production aux ventes, aux dépens de la vie des travailleurs. De plus, chaque ouvrier sait bien que lorsqu’un intérimaire part, c’est à lui de faire son boulot. Et quand un nouvel intérimaire arrive, c’est à lui de le former dans sa fonction, sans rien toucher de plus.
C’est pourquoi la lutte contre le licenciement des intérimaires et pour leur embauche en CDI est une revendication primordiale de tous les travailleurs. Cela implique aussi d’organiser les intérimaires dans le syndicat de l’entreprise où ils travaillent, pas seulement dans celui de la boîte d’intérim dont ils dépendent.
D’autre part, le patronat utilise la menace du chômage pour mettre la pression sur les ouvriers, car il peut toujours dire que si on n’est pas satisfait, il y a une foule de gens qui accepteraient de travailler dans les conditions imposées par le patron.
C’est toujours mieux d’avoir un travail, quoique mauvais, que de ne pas en avoir, encore plus à un moment où les attaques contre les droits des travailleurs au chômage se multiplient (radiations massives, mise en place du RSA et obligation d’accepter n’importe quel poste après quelques mois au chômage) et que la crise économique détruit massivement des postes de travail.
Pour en finir avec ce mécanisme pervers, nous devons imposer le partage des heures de travail entre tous, avec une réduction de la journée de travail, sans réduction de salaire ni précarisation, jusqu’à ce que chacun ait un travail. Cette revendication permet d’unifier les travailleurs avec et sans travail dans une lutte commune et d’améliorer les conditions de travail pour tous.
Où trouver l’argent pour payer un salaire à tous ? Dans les profits des actionnaires et dans les salaires millionnaires des PDG. Et si les patrons veulent nous faire croire que « les caisses sont vides », il faut qu’ils le démontrent en ouvrant les livres de comptabilité des entreprises.
Même s’ils prouvent qu’ils ne font pas de profit actuellement (ce qui est faux dans la plupart des cas, notamment dans les grandes entreprises qui sont souvent les donneurs d’ordre des plus petites), nous montrerons qu’il y a de l’argent dans les milliards de profit que les patrons ont accumulés pendant toutes ces dernières années grâce à notre travail !
Pour assurer la mise en place de toutes ces mesures, nous formerions des comités de contrôle dans chaque usine, auxquels tous les travailleurs pourraient participer, qu’ils soient en CDI ou intérimaires, syndiqués ou non. Nous nous opposons aux licenciements et aux fermetures d’usine : aucun licenciement, ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise !
Si les patrons prétendent ne pas pouvoir maintenir l’entreprise, nous réclamons son expropriation et sa nationalisation sous gestion des travailleurs. Loin d’être une utopie ou un retour aux nationalisations bourgeoises faites auparavant en France, il s’agit d’une réponse concrète à la crise, seule solution pour maintenir les postes de travail et le salaire et pour en finir avec la dictature du patron dans l’usine. En Argentine les ouvriers de l’usine de carrelage Zanon l’ont montré lorsqu’ils ont occupé l’usine, relancé la production eux mêmes, sans patron et ont imposé qu’elle soit expropriée par l’État.
Un programme de ce type, proposant des revendications communes à tous les travailleurs, les aiderait à lutter jusqu’au bout, à prendre confiance en leurs propres forces et à trouver les formes pour se coordonner largement lors des prochaines luttes, en s’opposant aux directions syndicales.
C’est ainsi qu’il sera possible d’aller vers une grève générale qui paralyse le pays, et ainsi commencer à donner une réponse de fond à la crise, imposer qu’elle soit payée par les capitalistes et aller vers un gouvernement des travailleurs eux-mêmes, car eux seuls sont capables de défendre leurs propres intérêts.
6000 suppressions de postes chez PSA
Fin de la semaine dernière le PDG du groupe PSA, Philippe Varin a annoncé la suppression de 6000 postes d'ici à 2012, soit environ 10% des effectifs en France. Selon lui cette réduction des effectifs ne se ferait que par le moyen des départs « naturels » non remplacés. Cela s'ajoute aux 5000 départs dits volontaires depuis janvier dernier. Or, ces départs dits « naturels », ne sont que des licenciements déguisés, car le patron fait pression sur les ouvriers pour qu'ils partent avec un peu d'argent, plutôt que de devoir subir un « vrai » plan social plus tard.
Ces suppressions sont encore plus inacceptables si nous prenons en compte que le groupe PSA a perçu en février dernier 3 milliards d'Euros du gouvernement (et donc indirectement de nos impôts) sous condition de maintenir les emplois en France et que la direction vient de revoir à la hausse ses prévisions de résultats du fait de la récente amélioration des marchés automobiles!
Productivité en hausse?
Selon M. Varin, les suppressions de postes feraient partie d'un plan pour augmenter la productivité du groupe de 20%. C'est curieux comme pour les patrons, « augmenter la productivité » se fait toujours au détriment des ouvriers.
Sur le site de Saint-Ouen les vieilles machines ne sont pas remplacées et l'entretien est de moins en moins efficace.
Du coup, plutôt que de viser la productivité optimale, on voit aujourd'hui une série de mesures contradictoires, qui au contraire, sont tout à fait irrationnelles du point de vue productif :
D'un côté on supprime des postes, de l'autre on embauche des intérimaires et on fait travailler les ouvriers le samedi. De plus, les intérimaires sont embauchés pour des périodes de plus en plus courtes. Les ouvriers embauchés passent alors une énorme partie de leur temps à les former... pour qu’ils partent quelques mois après !
Pas logique du point de vue de la production, très logique pour celui du profit, car ce que les patrons « réduisent » du côté des ouvriers embauchés en CDI, ils le récupèrent avec des contrats de plus en plus précaires, pouvant ainsi licencier et réembaucher selon les nécessités de leur profit !
A Saint-Ouen, peu à peu on apprend à comprendre cette « logique ». Comme ce fut le cas lorsque la semaine dernière on a voulu que les ouvriers chôment la journée du mercredi 11 novembre. Les ouvriers, en voyant les niveaux de production par rapport à la demande, ont vite compris le jeu et ont dit aux responsables: « Ok, on chôme demain, mais pas question de venir travailler le samedi d'après». La journée de mardi n'était pas encore terminée que la direction avait déjà changé d'avis!
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