Ne laissons pas se renforcer le régime réactionnaire de la Vème République, les lois liberticides, le climat raciste nauséabond
Tract PSA Saint-Ouen du
15/01/2015
« Je suis Charlie », « Nous sommes
Charlie » affichaient en alternance les panneaux lumineux du périphérique
parisien ce dimanche 11 janvier, tandis que plus de 3 millions et demi de
manifestants se rassemblaient dans toute la France. Slogan matraqueur de
l’union sacrée portée par Hollande-Valls et leur quarante-quatre comparses de
la solidarité impérialiste, escomptant capitaliser, tous à leur façon,
l’indignation et le dégoût provoqué par la tuerie de Charlie Hebdo et
l’attentat anti-juif du supermarché casher de Porte de Vincennes.
A l’origine,
une mobilisation immédiate des organisations du mouvement ouvrier et de défense
des droits de l’homme
Le soir du mercredi 7 janvier, jour de la fusillade perpétrée dans les locaux
de Charlie Hebdo faisant 12 morts dont 5 dessinateurs
célèbres, 100 000 personnes dans toute la France, près de 35 000,
place de la République à Paris, se sont rassemblées spontanément à l’appel
d’organisations ouvrières et de défense des droits de l’homme. Se prononçant à
la fois contre cet attentat criminel et contre tout amalgame raciste, les
manifestants ont lancé, ce soir-là, le slogan « Je suis Charlie ».
C’est sur les mêmes bases d’une sincère indignation et d’une aspiration au
respect des libertés démocratiques que certains ont jugé bon d’être
présents à la gigantesque manifestation du dimanche 11 janvier. Pour notre
part, dans le NPA, avec LO, AL et quelques autres, nous avons refusé de
manifester dans le cadre dévoyé d’union nationale imposé par le gouvernement et
accepté par la plupart des formations politiques et syndicales. En effet, de
l’UMP à la CGT et Sud-Solidaires en passant par le Parti de Gauche de Mélenchon
- qui tout en jouant les réticents a bel et bien participé - tous ont appelé à
cette « marche citoyenne », ce qui en explique d’ailleurs largement
le succès « historique ».
Une
récupération nationale et internationale efficacement orchestrée
Sans nous embarquer dans une fantaisiste
interprétation « complotiste » de l’attentat contre la rédaction
de l’hebdomadaire et la prise d’otage meurtrière du supermarché casher, nous ne
pouvons que constater que ce prétendu « 11 septembre » tombe à pic
pour un Hollande en chute libre. Mais au-delà de Hollande et de son devenir présidentiel,
les enjeux stratégiques sont réels.
Au plan national, cette journée a pour effet, au moins temporairement, de
remettre sur ses pieds une Vème république bien écornée. Les
deux piliers institutionnels, conçus sur mesure pour de Gaulle, sont, d’une
part, un pouvoir présidentiel fort et, d’autre part, une alternance huilée dans
le cadre du bipartisme. C’est cet équilibre, un instant retrouvé grâce à la
posture de rassembleur qui échoit à Hollande et à la providentielle alliance
gauche/droite, que l’Elysée compte bien l’exploiter pour colmater les brèches
d’un régime mis à mal. Sur le plan international, la présence aux côtés du
président des « 44 affreux » lui a permis de réaffirmer ouvertement
sa posture de soutien indéfectible à Israel et de gendarme de la Françafrique.
Ce dimanche, la prétendue « lutte contre le terrorisme » est
apparue, de manière aveuglante, pour ce qu’elle est : une nouvelle
déclaration de guerre raciste contre les arabo-musulmans, sur le territoire
français, et une nouvelle déclaration de guerre impérialiste, au Moyen-Orient
et en Afrique. Sur le territoire, d’ores et déjà, le passage à l’acte raciste
anti musulmans peut se sentir légitimé. Les incendies de mosquées et les
agressions de femmes voilées, traités à la marge, comme de simples faits divers
par les médias, en sont les premières manifestations. Hors de nos frontières,
une deuxième incursion de la machine de guerre française en Lybie est en
réserve dans les arsenaux de Le Drian. Ce pourrait bien être l’une des
conséquences prochaines de cette récupération efficacement orchestrée.
De la défense
des libertés aux décisions liberticides ; un réveil douloureux
Le discours sur les libertés a été chanté sur tous les tons durant toute la
journée de dimanche à longueur d’interviews en direct, de commentaires et de
tables rondes. Mais le flambeau de la liberté est très vite disparu des écrans
pour laisser apparaître conjointement « le sabre… et le
goupillon » : mise au pas des élèves dans les écoles, projet de rétablissement
des quartiers d’isolement dans les maisons centrales pour les « détenues
dangereux », déploiement spectaculaire du plan vigipirate avec un passage
de 2000 à 10.000 hommes en opération militaire intérieure sur le territoire
hexagonal, renforcement des écoutes administratives et judiciaires et, cerise
sur le gâteau, financement par l’Etat de la « formation » des
responsables religieux, imams, rabbins et curés de tout poil… De quoi faire
déchanter ceux qui, de bonne foi, ont marché dimanche pour défendre les libertés
pour tous.
Depuis jeudi dernier, la campagne gouvernementale « Je suis
Charlie » a étouffé la voix autonome du monde du travail, des femmes, des
sans-papiers, des précaires qui sont tous concernés par les questions des
libertés et des droits fondamentaux. Même le mercredi 7, alors que l’espace
n’était pas encore envahi par la récupération gouvernementale, les
organisations syndicales et politiques de gauche qui ont été les premières à
réagir n’ont pas véritablement élevé la voix contre le chorus unanimiste
d’apologie du régime, de l’union sacrée et de la police qui se profilait.
Quelques communiqués très réservés ce premier jour, mais pas de
banderoles, pas de slogans, pas d’expression autonome de la classe ouvrière au
moment même où elle aurait été centrale. C’était sans doute difficile dans ce
contexte, mais il est temps de se ressaisir et d’organiser une riposte de la
classe ouvrière à cette récupération dont beaucoup se rendent compte
maintenant, notamment face à l’alliance impérialiste et à la présence de chefs
d’Etat, contradictions vivantes avec l’hypocrite défense unanime des libertés.
En effet, malgré le succès des mobilisations ou l’insistance avec laquelle les
médias ont souligné les applaudissements des forces de police en marge des
cortèges, nombreux sont ceux qui ont ressenti que la ficelle était un peu trop
grosse. N’est pas George Bush qui veut pour faire du 11 janvier un 11 septembre
hexagonal. Et surtout, nous ne devons pas les laisser faire !
Les grandes occasions où l’on proclame l’union nationale n’ont toujours
qu’un seul objectif, mettre à genoux, encore et encore, la classe ouvrière et
lui imposer toutes les formes de division, d’exploitation et d’oppression. La
première riposte que nous nous devons de structurer, à l’extrême gauche, avec
les équipes syndicales combatives, avec les organisations de la jeunesse qui
refusent toutes les formes de racisme quelle que soit l’origine ou l’appartenance
religieuse visées, ainsi que
le massacre des libertés au nom de la sécurité, c’est d’abord de reprendre le
chemin déterminé de la lutte des classes qu’on tente de nous faire oublier et
de mobiliser pour les prochains rendez-vous : lutte contre l’oppression
des femmes, lutte contre la loi Macron qui passe en débat au Parlement, lutte
pour chasser les Thierry le Paon et autres bureaucraties syndicales de
remplacement, défense des sans-papiers et de tous les opprimés. La seule unité
qui vaille c’est celle de la classe ouvrière et de la jeunesse contre les
Hollande, les Sarkozy, les Le Pen, les Gattaz et les 44 affreux qui ont
manifesté en tête de cortège à Paris dimanche.
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