samedi 17 janvier 2015

Ils instrumentalisent l’indignation provoquée par la tuerie de Charlie Hebdo et l’attentat antisémite de la Porte de Vincennes

Ne laissons pas se renforcer le régime réactionnaire de la Vème République, les lois liberticides, le climat raciste nauséabond

 Tract PSA Saint-Ouen du 15/01/2015




« Je suis Charlie », « Nous sommes Charlie » affichaient en alternance les panneaux lumineux du périphérique parisien ce dimanche 11 janvier, tandis que plus de 3 millions et demi de manifestants se rassemblaient dans toute la France. Slogan matraqueur de l’union sacrée portée par Hollande-Valls et leur quarante-quatre comparses de la solidarité impérialiste, escomptant capitaliser, tous à leur façon, l’indignation et le dégoût provoqué par la tuerie de Charlie Hebdo et l’attentat anti-juif du supermarché casher de Porte de Vincennes.

A l’origine, une mobilisation immédiate des organisations du mouvement ouvrier et de défense des droits de l’homme
Le soir du mercredi 7 janvier, jour de la fusillade perpétrée dans les locaux de Charlie Hebdo faisant 12 morts dont 5 dessinateurs célèbres, 100 000 personnes dans toute la France, près de 35 000, place de la République à Paris, se sont rassemblées spontanément à l’appel d’organisations ouvrières et de défense des droits de l’homme. Se prononçant à la fois contre cet  attentat criminel et contre tout amalgame raciste, les manifestants ont lancé, ce soir-là, le slogan « Je suis Charlie ».
C’est sur les mêmes bases d’une sincère indignation et d’une aspiration au respect des libertés démocratiques  que certains ont jugé bon d’être présents à la gigantesque manifestation du dimanche 11 janvier. Pour notre part, dans le NPA, avec LO, AL et quelques autres, nous avons refusé de manifester dans le cadre dévoyé d’union nationale imposé par le gouvernement et accepté par la plupart des formations politiques et syndicales. En effet, de l’UMP à la CGT et Sud-Solidaires en passant par le Parti de Gauche de Mélenchon - qui tout en jouant les réticents a bel et bien participé - tous ont appelé à cette « marche citoyenne », ce qui en explique d’ailleurs largement le succès « historique ».

Une récupération nationale et internationale efficacement orchestrée
Sans nous embarquer dans une fantaisiste interprétation « complotiste » de l’attentat contre la rédaction de l’hebdomadaire et la prise d’otage meurtrière du supermarché casher, nous ne pouvons que constater que ce prétendu « 11 septembre » tombe à pic pour un Hollande en chute libre. Mais au-delà de Hollande et de son devenir présidentiel, les enjeux stratégiques sont réels.
Au plan national, cette journée a pour effet, au moins temporairement, de remettre sur ses pieds une Vème république bien écornée. Les deux piliers institutionnels, conçus sur mesure pour de Gaulle, sont, d’une part, un pouvoir présidentiel fort et, d’autre part, une alternance huilée dans le cadre du bipartisme. C’est cet équilibre, un instant retrouvé grâce à la posture de rassembleur qui échoit à Hollande et à la providentielle alliance gauche/droite, que l’Elysée compte bien l’exploiter pour colmater les brèches d’un régime mis à mal. Sur le plan international, la présence aux côtés du président des « 44 affreux » lui a permis de réaffirmer ouvertement sa posture de soutien indéfectible à Israel et de gendarme de la Françafrique.
Ce dimanche, la prétendue « lutte contre le terrorisme » est apparue, de manière aveuglante, pour ce qu’elle est : une nouvelle déclaration de guerre raciste contre les arabo-musulmans, sur le territoire français, et une nouvelle déclaration de guerre impérialiste, au Moyen-Orient et en Afrique. Sur le territoire, d’ores et déjà, le passage à l’acte raciste anti musulmans peut se sentir légitimé.  Les incendies de mosquées et les agressions de femmes voilées, traités à la marge, comme de simples faits divers par les médias, en sont les premières manifestations. Hors de nos frontières, une deuxième incursion de la machine de guerre française en Lybie est en réserve dans les arsenaux de Le Drian. Ce pourrait bien être l’une des conséquences prochaines de cette récupération efficacement orchestrée.

De la défense des libertés aux décisions liberticides ; un réveil douloureux
Le discours sur les libertés a été chanté sur tous les tons durant toute la journée de dimanche à longueur d’interviews en direct, de commentaires et de tables rondes. Mais le flambeau de la liberté est très vite disparu des écrans pour laisser apparaître conjointement « le sabre…  et le goupillon » : mise au pas des élèves dans les écoles, projet de rétablissement des quartiers d’isolement dans les maisons centrales pour les « détenues dangereux », déploiement spectaculaire du plan vigipirate avec un passage de 2000 à 10.000 hommes en opération militaire intérieure sur le territoire hexagonal, renforcement des écoutes administratives et judiciaires et, cerise sur le gâteau, financement par l’Etat de la « formation » des responsables religieux, imams, rabbins et curés de tout poil… De quoi faire déchanter ceux qui, de bonne foi, ont marché dimanche pour défendre les libertés pour tous.

Et maintenant, « rendons l’antenne » au mouvement ouvrier, faisons entendre notre voix
Depuis jeudi dernier, la campagne gouvernementale « Je suis Charlie » a étouffé la voix autonome du monde du travail, des femmes, des sans-papiers, des précaires qui sont tous concernés par les questions des libertés et des droits fondamentaux. Même le mercredi 7, alors que l’espace n’était pas encore envahi par la récupération gouvernementale, les organisations syndicales et politiques de gauche qui ont été les premières à réagir n’ont pas véritablement élevé la voix contre le chorus unanimiste d’apologie du régime, de l’union sacrée et de la police qui se profilait. Quelques communiqués très réservés ce premier jour, mais pas de banderoles, pas de slogans, pas d’expression autonome de la classe ouvrière au moment même où elle aurait été centrale. C’était sans doute difficile dans ce contexte, mais il est temps de se ressaisir et d’organiser une riposte de la classe ouvrière à cette récupération dont beaucoup se rendent compte maintenant, notamment face à l’alliance impérialiste et à la présence de chefs d’Etat, contradictions vivantes avec l’hypocrite défense unanime des libertés. En effet, malgré le succès des mobilisations ou l’insistance avec laquelle les médias ont souligné les applaudissements des forces de police en marge des cortèges, nombreux sont ceux qui ont ressenti que la ficelle était un peu trop grosse. N’est pas George Bush qui veut pour faire du 11 janvier un 11 septembre hexagonal. Et surtout, nous ne devons pas les laisser faire !

Les grandes occasions où l’on proclame l’union nationale n’ont toujours qu’un seul objectif, mettre à genoux, encore et encore, la classe ouvrière et lui imposer toutes les formes de division, d’exploitation et d’oppression. La première riposte que nous nous devons de structurer, à l’extrême gauche, avec les équipes syndicales combatives, avec les organisations de la jeunesse qui refusent toutes les formes de racisme quelle que soit l’origine ou l’appartenance religieuse visées, ainsi que le massacre des libertés au nom de la sécurité, c’est d’abord de reprendre le chemin déterminé de la lutte des classes qu’on tente de nous faire oublier et de mobiliser pour les prochains rendez-vous : lutte contre l’oppression des femmes, lutte contre la loi Macron qui passe en débat au Parlement, lutte pour chasser les Thierry le Paon et autres bureaucraties syndicales de remplacement, défense des sans-papiers et de tous les opprimés. La seule unité qui vaille c’est celle de la classe ouvrière et de la jeunesse contre les Hollande, les Sarkozy, les Le Pen, les Gattaz et les 44 affreux qui ont manifesté en tête de cortège à Paris dimanche.

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