Communiqué du NPA Saint-Ouen, 12 novembre 2013
Les démantèlements de campements rroms, ou le "nomadisme" forcé, ne permettent pas aux enfants de poursuivre leur scolarité |
A la suite des violents démantèlements de campements de Rroms qui ont eu
lieu tout l’été notamment en Seine-Saint-Denis, conformément aux directives de
Manuel Valls, des centaines de Rroms, dont de nombreux enfants, se sont
repliées sur la zone industrielle des Docks de Saint-Ouen à la fin juillet.
Leur campement compterait aujourd’hui environ 900 personnes, empiétant sur une
voie ferrée qui dessert une centrale de la Compagnie Parisienne de Chauffage
urbain (CPCU), qui alimente en chauffage hôpitaux, crèches et logements. Les
habitations ultra précaires ont ainsi obligé la chaufferie à s’approvisionner
en charbon par camions, ce qui représente un coût plus élevé par rapport au
transport ferroviaire. Voilà le principal problème. Il n’y a en aucun cas un risque
pour que les hôpitaux parisiens se voient privés de chauffage à cause du
campement Rrom, comme certains journaux le laissent entendre.
Alors que le tribunal de grande instance de Bobigny a ordonné le 2 octobre
l’évacuation du campement d’ici un délai de deux mois, menaçant de mettre à la
rue des centaines de famille à la veille de l’hiver, la maire Front de Gauche
de Saint-Ouen, Jacqueline Rouillon, est allée encore plus loin, estimant ce
délai trop long et en appelant à Manuel Valls afin de s’assurer que le
démantèlement soit effectif, et cela avant le 12 décembre. Elle a également
demandé à l’Etat "d'assumer pleinement ses responsabilités. Si chaque
ville d'Ile-de-France avait, comme Saint-Ouen, un village d'insertion, ces
bidonvilles n'existeraient plus". On peut s’étonner que la maire ose
mentionner ce qui correspond en fait à un terrain de 50 mètres de long, pouvant
accueillir tout juste une vingtaine de familles, encerclé de parois en béton et
parqué en pleine zone industrielle… quelle insertion ! Autant dire que le
désengagement de l’Etat de cette initiative a bien arrangé la mairie, puisqu’il
lui a permis de justifier la fin des subventions municipales, sous prétexte que
la mairie ne pouvait à elle seule financer une telle « expérience ». Aujourd'hui,
bien que l'eau et l'électricité soient coupées, et malgré les menaces
d'expulsion de la municipalité, quelques familles résistent et occupent
toujours le terrain, dans une situation extrêmement précaire.
La maire de Saint-Ouen, Jacqueline Rouillon, aux côtés de Manuel Valls |
A l’approche des municipales, la maire de Saint-Ouen aurait-elle trouvé,
dans la droite ligne de la politique du gouvernement PS, un nouveau bouc
émissaire pour éviter de parler des « sujets qui fâchent » réellement
les habitants ? Au lieu de s’atteler au logement (réellement) social, à
l’emploi des jeunes… quoi de plus facile que de canaliser l’opinion publique en
criminalisant les Rroms, cette population sur laquelle s’acharnent depuis des
mois les pouvoirs publics et un large éventail de partis politiques. Le
mouvement lycéen a fait preuve d’une grande solidarité à l’égard des jeunes
immigrés, dont Léonarda qui appartient à la communauté Rrom, et a montré tout
son rejet de la politique raciste du gouvernement. Le NPA dénonce toute
tentative d’expulsion qui laisserait des centaines de familles dans la rue et
exige un relogement de tous les habitants du campement dans des conditions
dignes, ainsi que la possibilité pour les familles de scolariser leurs enfants,
de disposer d’un accès à l’emploi et à la santé.
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