dimanche 15 septembre 2013

Après le gros débrayage à PSA Mulhouse, la colère s’étend dans l’ensemble du groupe PSA



Tract PSA du NPA Saint Ouen - 16/09/2013


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Nous reproduisons ci-dessous le témoignage de Vincent Duse, ouvrier du montage à PSA Mulhouse et militant CGT et NPA.

A trois mois de la fin de la grève sur le site d'Aulnay-sous-bois contre la fermeture, et grâce au vote des accords dits de « compétitivité » par le gouvernement Hollande-Ayrault, la direction de PSA vient de déclencher une attaque en règle contre les salaires sur l’ensemble des sites.




Mais la riposte n’a pas tardé, et pas forcément là où on l’attendait...

Dès le vendredi 6 septembre, c’est à dire le lendemain de l’annonce des mesures de compétitivité à PSA Mulhouse, on sentait le bon accueil reçu dans les ateliers de Ferrage, Mécanique, CPL et Montage à l’égard du défilé des militants CGT. En Mécanique certains salariés arrêtait le travail pour écouter ce que nous avions à leur dire sur le fait que la seule solution pour contrer cette attaque contre nos vies serait la mobilisation et la grève. Ça discutait bien dans tous les ateliers et même si l’ambiance n’était pas tout de suite à la lutte et au mouvement de grève, nous avons remarqué un changement dans l’état d’esprit par rapport à la possibilité d’une bagarre.

Le lundi 9 il y a même eu un arrêt de travail au secteur QCP (en bout de chaîne), une équipe où il y a une majorité d’ouvrières. Elles ont décidé de se mettre en grève une demi-heure par jour pour protester contre l’accord, en commençant dès ce lundi, malgré la pression de la CFDT et de la CFTC qui leur disait de ne pas débrayer, qu’on ne savait pas encore ce qu’il en était et qu’il fallait attendre. Elles ont tout de même cessé le travail à 6 avec des sérieuses prises de bec avec la direction.

Dans ce contexte, la journée d’action du 10 septembre prenait un tout autre contenu et la question du lien entre les attaques à PSA et la question des retraites était donc posée dans les faits.



La CFDT, la CFTC et leur manœuvre risquée

 
Le mardi matin en arrivant à l’usine nous découvrons un appel fait par ces deux syndicats pour un débrayage d’une heure sur chaque tournée... le mercredi 11 ! C’était évidemment une tentative d’éviter que la colère qui montait à PSA Mulhouse puisse confluer avec la journée d’action interprofessionnelle et imprimer à celle-ci un caractère plus combatif. Nous l’avons bien compris. D’autant plus qu’aucun de ces deux syndicats n’appelle au retrait pur et simple ni du projet de réforme sur les retraites (qu’ils soutiennent) ni des mesures prises par PSA pour lesquelles ils demandent des « contreparties ». Avec les camarades de la CGT, nous avons néanmoins décidé d’appuyer leur proposition, car nous savions que le front unique, même partiel, sur cette mesure précise allait donner du courage aux ouvriers et ouvrir la possibilité de déborder le cadre de l’action proposée.


Et nous avons eu raison. Après une participation pas exceptionnelle à la manifestation de mardi (mais avec un taux de grève pas ridicule non plus) le lendemain à la première heure plus de 500 ouvriers ont arrêté le travail et ont défilé dans les ateliers. Ils étaient 850 dans l’ensemble de la journée. Personne ne s’attendait à une telle adhésion, historique dans un site ou rien de cette ampleur ne s’était passé depuis la grève de 1989 lorsque des milliers d’ouvriers ont arrêté la production pendant sept semaines pour réclamer des augmentations de salaires entre autres. La CFDT et la CFTC étaient visiblement inquiètes des forces qu’elles avaient aidé à déchaîner sans forcément le vouloir. Elles ont essayé à tout prix de limiter l’action en proposant aux ouvriers de ne pas défiler dans les ateliers mais d’aller plutôt devant le bureau de la direction qui se trouve... à l’extérieur du site ! Une partie des ouvriers a refusé de les suivre et a continué son tour de l’usine. Quant à FO, comme à son habitude elle était la seule à ne pas être dans le mouvement, et à se ranger du côté des syndicats des cadres (CFE-CGC). Face à un accord de compétitivité qui serait une véritable boucherie pour les ouvriers, sa direction ose aujourd’hui nous dire que les grévistes mettent en danger le groupe ! Et prétendre que ce qui a été obtenu après le débrayage de mercredi est en fait dû à la négociation ! Chacun pourra mesurer à quel point ce syndicat est « indépendant », comme il le clame : oui, certes, mais des salariés et pas du patron.



La direction prend la mesure du danger


Avant même que la deuxième équipe arrive ce mercredi, la direction du groupe PSA avait déjà reculé sur une partie des mesures, et ce pour l’ensemble des salariés du groupe. C’est la preuve du danger que l’on représente. La prime de rentrée est maintenue, la prime d’ancienneté serait intégré aux salaires pour ceux qui y ont droit aujourd’hui (mais pas pour ceux qui y auraient eu droit à l’avenir), la prime de nuit est maintenue et le non-paiement des samedis obligatoires est limité. En fait, l’explosion de colère dans un site réputé « pacifique » comme celui de Mulhouse a tiré le signal d’alarme sur la possibilité d’un effet contagion.


Le recul partiel de la direction n’a pas pour autant suffi. L’après-midi on a été encore 350 à débrayer dans une ambiance très combative. Le matin comme l’après-midi l’arrêt de travail a largement dépassé la durée proposée à la base. A l’équipe de nuit, qui n’était pas concernée par l’appel au débrayage, 50 ouvriers de l’emboutissage sur 60 ont arrêté le travail pendant une heure malgré une grosse pression de la direction. Toute cette combativité s’est exprimée alors même que le jour de la grève comme le lendemain des briefings ont été organisés par la direction pour nous expliquer que l’on n’avait rien compris, que tout ça était un malentendu. A ces réunions les salariés ne se sont pas laissés embobiner, ils exprimaient leur colère et beaucoup ont même refusé d’y assister. Parmi ceux qui restaient, nombreux étaient ceux qui disaient clairement que, même allégé, le projet restait inacceptable.



Et le mouvement commence à faire tache d’huile...
 
Le mercredi même Varela, le directeur de l’usine de Sochaux, s’est fait hué devant des milliers de salariés lors d’une présentation de la nouvelle 308. « Varela, pas touche à ma paie, pas touche à mes droits ! » disait une affiche. Résultat, la direction a décidé de terminer sa présentation plus tôt que prévu. Et on ne s’est pas arrêtés là : à Poissy, 17 caristes de l’atelier de montage ont débrayé pendant deux heures, et jeudi à Vesoul 300 grévistes de l’équipe du matin ont mis totalement à l’arrêt le site et ont bloqué l’entrée et la sortie des camions. Vendredi 13, 200 salariés de l’équipe du matin se mettaient également en grève à Sochaux.


Construire l’unité et avancer dans l’auto-organisation pour gagner
 
Le succès du débrayage à Mulhouse montre que même dans des sites avec peu d’expérience de luttes ces dernières années la colère monte et qu’il y a une disposition à se battre. Il montre aussi qu’il y a chez les salariés une aspiration légitime à l’unité car on a besoin d’être soudés pour affronter la direction. C’est pourquoi il est urgent d’avancer vers la mise en place d’un cadre intersyndical dans chaque site et à l’échelle du groupe.


Nous ne nous trompons pas, comme nous le disions au début, sur le fait que les dirigeants de la CFDT et la CFTC n’ont pas la moindre intention de mener une bataille jusqu’au bout pour le retrait de toutes les mesures du plan de compétitivité. Néanmoins il existe aujourd’hui des nombreux syndiqués de ces deux organisations qui veulent se battre et exercent de fait une pression sur leurs dirigeants. Si leurs dirigeants lâchent l’affaire en cour de route, ce sera une expérience précieuse qui ne fera que renforcer les équipes combatives.
 

Il faut bloquer les accords de compétitivité partout !
 
PSA n’est en fait que le cas le plus emblématique de ce qui est en train de se passer dans de nombreuses entreprises avec des effets sur des dizaines de milliers de salarié-e-s : à STX Saint-Nazaire, à la Française de Mécanique à Douvrin, à Ascométal, à Behr France, à la SBFM à Caudan (groupe Renault), dans le groupe ELBA, à Michelin, chez Renault... Et cela ne va faire que s’accélérer puisque la loi n’a été validée et publiée que mi-juin, et c’est à partir de maintenant qu’elle va se mettre en place !


Dans ce contexte, une lutte à l’échelle de l’ensemble du groupe PSA peut devenir un exemple pour des milliers de salarié-e-s qui vont subir les mêmes attaques, voire pire, avec les accords de compétitivité. Elle pourrait aussi devenir un moteur pour la lutte contre la nouvelle attaque du gouvernement, celle sur les retraites.


Une première échéance en ce sens aura lieu ce mercredi 18 septembre, avec l'appel à débrayer dans tout le groupe PSA. Suivons l'exemple de Mulhouse et des autres sites mobilisés, soyons nombreux à manifester notre colère par la grève!

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