Tract NPA Saint-Ouen - PSA- 02/04/2015
Le deuxième tour des élections départementales a confirmé le premier : les milieux populaires ont déserté les urnes, la droite en a tiré largement parti, le Front national obtient une centaine d’élus et le Parti socialiste perd la moitié des départements qu’il gérait. Valls est bien obligé cette fois de reconnaître la défaite mais annonce la poursuite de la politique antisociale qui y a conduit !
Le Pen
et Sarkozy préparent 2017
Pas la peine d’écouter
les commentateurs politiques pour comprendre que la claque infligée au PS
profite aujourd’hui à tous ceux qui rêvent de revenir au pouvoir ou d’y accéder
pour mener la même politique au service des riches et des patrons, avec tout ce
qu’ils pourront rajouter de mesures anti‑chômeurs, anti‑immigrés et profondément
réactionnaires. À ce petit jeu électoral, tous les travailleurs, les jeunes,
les classes populaires seront perdants. Alors décidément, c’est sur un autre
terrain que nous devons fourbir nos armes !
C’est dès
maintenant que le monde du travail doit riposter
De toute façon,
nous n’avons pas le temps d’attendre les prochaines élections. C’est maintenant
que nous bouclons les fins de mois le 20, voire le 15. C’est maintenant que les
patrons dégomment les emplois par milliers tout en empochant les millions,
comme à Sanofi (4 000 emplois supprimés, 4 millions pour le
nouveau boss en cadeau de bienvenue…). C’est dès maintenant qu’il faut
riposter.
Certains s’y
sont mis, dans des entreprises aussi différentes que Radio France ou PSA
Sevelnord, sur l’emploi pour la première ou les salaires pour la seconde.
Mais les réactions,
d’importance diverse, sont nombreuses dans bien des secteurs, fréquemment
provoquées par les déclarations de bénéfices des grands groupes, de salaires
mirobolants de PDG ou de dépenses fastueuses d’une direction ou d’actionnaires.
Des réactions auxquelles s’ajoutent des grèves ou débrayages locaux contre les
restrictions budgétaires, les suppressions et manques d’effectifs, les trop
fortes charges de travail, et bien sûr les licenciements et fermetures d’usines
ou de sites : à la Poste, à la Sncf, à Radio France, dans les hôpitaux,
chez les travailleurs sociaux, les douaniers, les inspecteurs du travail, les
agents territoriaux, les travailleurs des équipements sportifs ou des cantines,
les enseignants de collèges ou de CFA, les contrôleurs aériens…. Sans oublier
la Guadeloupe, où la journée de grève générale du 26 mars a été un vrai
succès, le reflet de la colère sociale contenue depuis des années.
Une première étape : toutes et tous en grève le 9
avril !
Les organisations
syndicales FO, CGT, Solidaires et FSU appellent pour la première fois depuis très
longtemps à une journée de grève et de manifestations interprofessionnelles
contre la politique d’austérité du gouvernement, pour l’augmentation des
salaires et pour le retrait de la loi Macron, qui va généraliser le travail du
dimanche et casser le Code du travail afin de donner tous les droits aux
patrons. Saisissons-nous de cette journée pour faire entendre la voix de celles
et ceux qui n’en peuvent plus de la politique du gouvernement PS‑Medef. Soyons
nombreux en grève et dans la rue, pour avancer dans l’idée de faire converger
toutes les luttes dispersées. Mais avec la certitude qu’une seule journée ne
suffira pas pour faire reculer Valls et Hollande, que cela doit être le début d’un
retour prolongé du monde du travail sur la scène sociale.
>> Manif à 13h à place d'Italie, vers les Invalides <<
Ça chauffe à Sevelnord
Entretien avec Franck Théry, secrétaire général CGT
Comment a démarré
le mouvement à Sevel ?
Cela fait déjà un moment, en réalité, que nous étions
sur une campagne pour les salaires. On sait que les quatre principaux
dirigeants du groupe se sont octroyé 86% d’augmentation, que le groupe a annoncé
905 millions de bénéfices, dont 14 millions sont partagés par sept membres de
la direction. Sevelnord étant un laboratoire de l'accord de compétitivité, après
plus de trois ans de gel des salaires, les attentes des travailleurs étaient
grandes, cette fois-ci, lors de négociations. Les suppressions d'emploi et les
cadences rajoutent du stress, bien entendu, mais les ouvriers, surtout, n'y
arrivent plus, tant sur les chaînes qu’au niveau des fins de mois. Ici, du
coup, les dossiers pour surendettement ont explosé ces dernières années. Ne
rien lâcher sur les salaires, alors que tous les voyants sont au vert pour le
groupe, c’était donc une véritable provocation.
Le premier débrayage a eu lieu le jour de la deuxième
réunion de négociation salariale, mercredi 25 mars, à 15 heures. En sortant de
la rencontre, nous avons dû informer les travailleurs que c'était zéro euro d'augmentation salariale qui était
annoncé, et la grève a démarré. Nous sommes partis à 300, en défilant dans les
ateliers. Un certain nombre de copains ont décroché pour nous rejoindre, au
fur-et-à-mesure. On a fini à 400, ce qui signifie un site quasiment à l’arrêt.
Mais on ne s’est pas arrêtés là. Le mercredi après-midi la direction a annoncé
une réunion le lendemain à 8h, mais, jeudi 26, elle est revenue sur sa position
et a refusé tout dialogue avec la CGT. Du coup, la grève s’est renforcée au
niveau des deux équipes. C’est comme ça que la direction a annoncé vouloir
fermer l’usine, le vendredi 27.
La direction a donc annoncé un lock-out pour casser le
mouvement ?
Tout consistait à faire croire que la boite serait
fermée le vendredi, et ce avec l'aide des syndicats de collaboration de classe
qui ont relayé l’information et ont envoyé des messages pour dire aux ouvriers
de rester chez eux, le numéro vert ayant été activé en ce sens. Mais tous les
grévistes ont décidé, en assemblée générale, de venir quand même le vendredi à
5h30, sur le site. Vendredi, donc, le délégué syndical central CGT du groupe
PSA était présent pour porter la solidarité des travailleurs du groupe mais n’a
même pas pu rentrer. De notre côté, on était 700 grévistes et l’usine était à l’arrêt.
Depuis Sevel, nous nous sommes rendus sur le site UMV de Trith Saint Léger, qui
fait partie également du groupe PSA, pour faire grossir la mobilisation. Nous
avons distribué un tract devant l'usine où sont produites une bonne partie des
boîtes de vitesse pour PSA pour que les copains s’y mettent aussi.
Quelles
perspectives vois-tu pour la suite ?
Les salariés ont décidé de reconduire l'action le
lundi 30 mars. Dès lundi, nous allons appeler à la poursuite de la grève, avec
un rendez-vous devant la boite des grévistes des deux tournées. L’idée, c’est
de donner une impulsion encore plus forte au mouvement et décider en assemblé générale
du développement de la lutte, des actions à mener et de réaffirmer les
revendications de la CGT, qui valent pour l’ensemble des travailleuses et des
travailleurs du groupe PSA, à savoir 300 euros d’augmentation, l’augmentation
de toutes les primes et, dans le cas de Sevel, une prime de 1000 euros pour la
production du K-Zéro.
Il faudrait
donc une lutte d'ensemble sur tout le groupe PSA ?
En effet, c'est
plus que nécessaire. Nous avons tous les mêmes problèmes de salaire et ce ne
sont pas des primes d’intéressement très aléatoires, qui ne nous sont versées
qu’une fois, qui vont régler nos fins de mois de plus en plus difficiles. C'est
bien tous les mois que le fric nous manque. Donc, pour faire céder Sevelnord
comme le groupe PSA, la lutte d'ensemble doit se construire dès maintenant. La
convergence des luttes est notre boussole. On ne pourra pas gagner des luttes
sur les salaires ou l’emploi boite par boite. C’est toutes et tous ensemble qu’il
faut y aller.
Le 9 avril peut
contribuer à une mobilisation des différents secteurs ?
Pour nous, le 9 avril, c'est l’occasion d’être en
lutte avec les travailleurs de la Française de Mécanique, d’UMV, mais aussi
d'autres usines qui ne sont pas du groupe PSA, comme Bombardier, à Crespin, où
les travailleurs sont en lutte pour les salaires. Oui, le 9 avril peut être un
grand moment de convergences des luttes pour l'ensemble de la région, avec un
retentissement national. Ce pourrait être le début d'une contre-offensive de la
classe ouvrière.
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