Saint-Ouen, le 25 février 2011
Ce qui se passe actuellement dans le Nord de l’Afrique et au Moyen-Orient est historique. Les masses arabo-musulmanes sont entrées dans une lutte ouverte avec des régimes dictatoriaux et réactionnaires à la botte de l’impérialisme occidental. La mobilisation exemplaire des travailleurs et des masses populaires d’Egypte a fait tomber le dictateur Hosni Moubarak au pouvoir depuis 30 ans. Cette première grande victoire du mouvement de masse égyptien, qui vient s’ajouter à la chute révolutionnaire de Ben Ali en Tunisie, est aussi un coup dur contre l’impérialisme américain et l’Etat sioniste d’Israël. Le régime égyptien, qui reçoit 1,5 milliards d’aide financière des USA par an, est un élément déterminant de la politique impérialiste de ce pays dans la région et un complice servile du terrorisme d’Etat d’Israël contre le peuple palestinien. Quant à la France, on se souviendra de la visite en grande pompe du boucher Khadafi à Paris en décembre 2007, et des armes qu’elle a vendues et que Khadafi (comme Ben Ali) a utilisées contre son peuple. Fillon, MAM et Sarkozy, représentants de la grande bourgeoisie française, sont ouvertement complices de ces assassins. Ils sont prêts à tout, y compris à verser du sang, pour faire plus d'argent et soutenir les dictateurs qui les arrangent.
On a voulu nous faire croire que les masses arabo-musulmanes ne pouvaient se mobiliser que derrière « les islamistes ». Les débuts de révolutions ouvertes en Tunisie et en Egypte, et qui se propagent dans d’autres pays de la région, nous montrent que ce n’est pas l’islamisme qui pousse les travailleurs, les jeunes et les masses populaires à la lutte, mais le chômage, la hausse des prix des biens élémentaires, les bas salaires, les conditions de surexploitation qu’ils subissent, les conditions insupportables de logement, le manque de simples libertés démocratiques… Quant à « l’opposition » comme les Frères Musulmans petits bourgeois (notaires, avocats, médecins, etc.), ou les « opposants modérés » comme ElBaradei, ils tentent de « contenir » les masses. Tous négocient avec le régime pour obtenir une partie du pouvoir grâce à une « transition dans l’ordre ».
Une nouvelle ère de révolutions... ailleurs et ici?
Les évènements en Tunisie, en Egypte et en Libye viennent démolir un autre mythe : celui selon lequel l’époque des révolutions était révolue et que désormais tout devrait se régler par les urnes. C’est la mobilisation des masses qui a fait tomber Moubarak et non pas les urnes. Mais dans cette mobilisation, bien que l’occupation de la Place Tahrir par des milliers de manifestants ait été un des symboles les plus importants, c’est sans doute le mouvement de grèves qui s’est déclenché dans des secteurs clés de l’économie égyptienne qui a précipité la sortie du dictateur. Les grèves dans les usines textiles, dans l’administration, dans les chemins de fer, entre autres, ont montré que la classe ouvrière, que l’on nous présentait comme disparue, conserve intacte toute sa puissance sociale.
Mais maintenant que Moubarak est tombé, l’impérialisme américain, la junte militaire (pilier du régime) et l’opposition bourgeoise essayent de tromper les travailleurs et les masses populaires qui se sont mobilisés. Ils promettent une « transition ». En réalité, tous œuvrent à sauvegarder l’essentiel du régime, en faisant quelques réformes, pour éviter que les travailleurs prennent en main le destin du pays et que cela affecte leurs intérêts. Les travailleurs égyptiens se mobilisent en effet non pour le simple « droit de voter » mais pour une vraie démocratie, pour une démocratie profonde qui donne le droit de s’organiser politiquement et syndicalement, celui de travailler, et de le faire dans des conditions et pour des salaires dignes, et le droit de se loger dans des conditions humaines… tout ce que les démocraties bourgeoises, même d'Occident, n'offrent pas à leurs peuples. Sarkozy l'a bien montré en France à l'Automne : vous avez le droit de faire grève tant que cela ne bloque pas vraiment l'économie, sinon vous aurez le droit aux CRS et aux gendarmes mobiles. Voilà la démocratie bourgeoise qu'ils proposent aux Egyptiens !
Il faut donc une refondation radicale pour les pays arabes comme pour les pays occidentaux. Cela ne pourra se faire que si les travailleurs, quels que soient leurs origines, s'unissent, s'organisent et créent leur propre pouvoir, indépendant de la bourgeoisie. En Egypte et en Tunisie, il faut une Assemblée Constituante Révolutionnaire dans la perspective de la construction d’un Etat et d'un gouvernement de travailleurs.
Vive la lutte des travailleur(se)s de Tunisie, d’Egypte, de Bahreïn, du Yémen, d’Iran, de Lybie, d’Algérie et du Maroc !
Vive la révolution !
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