Chers camarades, membres du CPN, nous vous adressons cette contribution pour la discussion de votre réunion et que nous demandons être publiée dans les bulletins de discussion prévus pour le débat sur les alliances électorales.
Un front durable de l'autre gauche serait-il anticapitaliste?
Suite à la déclaration commune avec Melenchon - et à toutes les réactions contraires qu'il y a eu de la part de militants -, à la rentrée politique les porte-paroles du NPA ont encore rajouté des propos sur la nécessité d'un front durable pouvant inclure le PCF et le Parti de Gauche. Ce dans ce sens qui va le discours de Besancenot lors de la dernière Université d'Eté quand il dit que face à cet «espèce d'union de centre gauche qui va commencer à voir le jour entre ce qui sortira du PS, les Verts d'Europe-Ecologie et le MoDem, plus ce qu'ils pourront grappiller dans la gauche radicale, (…) on propose un vaste rassemblement unitaire mais qui soit sur des bases anticapitalistes ». Alain Krivine précise la forme concrète et les composants d'un tel front quand il affirme que «Le PCF et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche, PG) sont devant un choix : avec le NPA ou avec le PS et le MoDem », en rejoignant ainsi l'idée d'une alliance électorale de ce que le PG appelle « l'autre gauche », en opposition à celle représenté par le PS et Cie.
Au-delà du fait de si un tel « front de l'autre gauche » verra le jour ou pas (ce qui ne dépend pas seulement de notre volonté, mais aussi des décisions des autres organisations concernés), la question de savoir si la politique qui consiste de faire cet appel est juste, passe par savoir si dans le cas où un tel front se réaliserait, serait-il anticapitaliste.
Un exercice de mémoire utile
Pour y réfléchir, nous proposons un retour en arrière à la période qui a précédé la fondation du NPA, plus précisément à la campagne électorale de 2007 et au discussions qui ont eu lieu dans les « comités du Non ». A cette époque là, la LCR encore existante, a décidé de lancer la candidature de Besancenot (qui a fini par avoir un bon score) sur la base d'une discussion de délimitation entre l'anticapitalisme qu'elle défendait et l'antilibéralisme qui rassemblait une partie des militants des comités unitaires, en argumentant que pour elle il ne s'agissait pas juste de s'opposer à un modèle précis de capitalisme (en plaidant pour un autre qui serait plus « juste »), mais à l'ensemble de ce système, qui se fonde sur le profit et l'exploitation.
Ce sur cette base que la LCR a lancé, quelques mois après les élection l'appel à la construction du NPA et ce sur cette base là que des milliers de militants sont venus aux rangs du NPA. Alors nous nous demandons: en quoi un front avec le PCF et le PG aujourd'hui serait-il moins antilibéral et plus anticapitaliste que celui (avec le même PCF, Bové et d'autres) qui a été refusé par la LCR en 2007?
Quel rapport aux institutions?
Encore sur les délimitations fondamentales sur lesquelles le NPA a été fondé, il y avait la question de l'indépendance par rapport aux institutions capitalistes et le refus d'une politique qui consiste à gérer ces institutions. Est-ce que apparaître aujourd'hui dans un front (qui un plus nous voudrions « durable » avec des organisations qui et des individus qui gèrent depuis des décennies des institutions capitalistes et déclarent ouvertement (y compris dans la déclaration commune signé par Besancenot) vouloir continuer de le faire serait cohérent avec un projet anticapitalisme et d'indépendance à l'égard de ces mêmes institutions?
C’est dans ce sens que nous, militants du comité de Saint Ouen, refusons radicalement une politique qui consiste de revenir en arrière sur les délimitations les plus élémentaires du NPA et qui conduise le parti à une campagne soit-disant anticapitaliste, mais de contenu antilibéral et ambigu par rapport aux institutions capitalistes.
Pour un vrai front anticapitaliste des travailleurs
Comment exprimer alors dans les élections une politique cohérente avec le projet d'un parti anticapitaliste et révolutionnaire qui défend l'intérêt des travailleurs, qui aille au-delà des frontières du NPA? Pour nous cela passerait par la recherche d'une alliance avec toutes les organisations effectivement anticapitalistes, indépendantes et défendant les intérêts des travailleurs, à commencer par Lutte Ouvrière.
Ensuite on pourrait proposer d'ouvrir nos listes à tous ceux qui ont été les protagonistes des principales luttes des travailleurs pendant les derniers mois (ou qui le sont encore aujourd'hui) et qui seraient d'accord pour défendre un programme anticapitaliste et pour que ce soient les patrons qui paient leur crise, pour qu'ils puissent utiliser la tribune des élections pour diffuser leurs luttes et la nécessité de l'unité des travailleurs face à la crise.
Des ouvriers de Continental, de Molex, de chez Toyota, des travailleurs de EDF-GDF en tant que candidats des listes anticapitalistes: cela ferait une campagne capable d'enthousiasmer d'abord les propres rangs du NPA et ensuite de se présenter comme une vraie alternative politique pour les travailleurs et la jeunesse!
Et au delà des élections...
Mais dans aucun cas cette politique pour les élections régionales doit être déconnectée de notre politique quotidienne, qui doit être celle de la défense la plus acharnée des travailleurs et de leurs luttes. C’est dans ce sens que nous voudrions soumettre à la discussion du CPN deux propositions de campagne pour être lancées de façon immédiate:
-Une en défense des travailleurs condamnés de Continental, car nous entendons, comme l'a dit Xavier Mathieu, que leur condamnation à plusieurs mois de prison avec sursis est une attaque à l'ensemble de la classe ouvrière et une mesure qui vise à faire de ces camarades un exemple pour décourager d'autres travailleurs de lutter contre les licenciements. Cela pourrait passer par la convocation d'un rassemblement en leur soutien ou bien de proposer que ce soit un des axes principaux de celui du 17 prochain.
-Et la deuxième en solidarité avec les ouvriers de Molex qui continuent de mener une lutte exemplaire contre la fermeture du site de Villemur-sur-Tarn, qui dépasse la lutte pour des indemnités de départ, en revendiquant le maintien de l'outil de travail. Ces camarades se trouvent aujourd'hui dans la rue, sans avoir encore touché leur paie du mois d'août, et dans ce sens, sous condition qu'ils soient d'accord, on pourrait organiser partout où le NPA est implanté une campagne financière de soutien, en allant devant les boites et dans les gares pour faire des collectes (en rejoignant celles qu'ils font déjà dans la région) et diffuser leur lutte.
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